La femme d'Hector _________________ Sur l'album: "Le Pornographe" (1958) En notre tour de Babel, laquelle est la plus belle, La plus aimable parmi les femmes de nos amis ? Laquelle est notre vraie nounou, la petite soeur des pauvres de nous Dans le guignon toujours présente, quelle est cette fée bienfaisante ? C'est pas la femme de Bertrand, pas la femme de Gontran, pas la femme de Pamphile C'est pas la femme de Firmin, pas la femme de Germain, ni celle de Benjamin, C'est pas la femme d'Honoré ni celle de Désiré ni celle de Théophile, Encore moins la femme de Nestor, non c'est la femme d'Hector. Comme nous dansons devant le buffet bien souvent, On a toujours peu ou prou les bas criblés de trous Qui raccommode ces malheurs de fils de toutes les couleurs, Qui brode divine cousette, des arcs-en-ciel à nos chaussettes ? C'est pas la femme de Bertrand, pas la femme de Gontran, pas la femme de Pamphile C'est pas la femme de Firmin, pas la femme de Germain, ni celle de Benjamin, C'est pas la femme d'Honoré ni celle de Désiré ni celle de Théophile, Encore moins la femme de Nestor, non c'est la femme d'Hector. Quand on nous prend la main, sacré Bon Dieu dans un sac, Et qu'on nous envoie planter des choux à la Santé, Quelle est celle qui, prenant modèle sur les vertus des chiens fidèle Reste à l'arrêt devant la porte en attendant qu'on en ressorte ? C'est pas la femme de Bertrand, pas la femme de Gontran, pas la femme de Pamphile C'est pas la femme de Firmin, pas la femme de Germain, ni celle de Benjamin, C'est pas la femme d'Honoré ni celle de Désiré ni celle de Théophile, Encore moins la femme de Nestor, non c'est la femme d'Hector. Et quand l'un d'entre nous meurt, qu'on nous met en demeure De débarrasser l'hôtel de ses restes mortels, Quelle est celle qui remue tout Paris pour qu'on lui fasse au plus bas prix Des funérailles gigantesques, pas nationales, non, mais presque ? Refrain C'est pas la femme de Bertrand, pas la femme de Gontran, pas la femme de Pamphile C'est pas la femme de Firmin, pas la femme de Germain, ni celle de Benjamin, C'est pas la femme d'Honoré ni celle de Désiré ni celle de Théophile, Encore moins la femme de Nestor, non c'est la femme d'Hector. Et quand vient le mois de mai, le joli temps d'aimer, Que sans écho dans les cours nous hurlons à l'amour, Quelle est celle qui nous plaint beaucoup, quelle est celle qui nous saute au cou, Qui nous dispense sa tendresse, toutes ses économies de caresses ? C'est pas la femme de Bertrand, pas la femme de Gontran, pas la femme de Pamphile C'est pas la femme de Firmin, pas la femme de Germain, ni celle de Benjamin, C'est pas la femme d'Honoré ni celle de Désiré ni celle de Théophile, Encore moins la femme de Nestor, non c'est la femme d'Hector. Ne jetons pas les morceaux de non coeurs aux pourceaux, Perdons pas notre latin au profit des pantins Chantons pas la langue des dieux pour les balours, les fess'-mathieux, Les paltoquets ni les bobèches, les foutriquets ni les pimbêches, Ni pour la femme de Bertrand, pour la femme de Gontran, pour la femme de Pamphile Ni pour la femme de Firmin, pour la femme de Germain, pour celle de Benjamin, Ni pour la femme d'Honoré la femme de Désiré la femme de Théophile, Encore moins la femme de Nestor, mais pour la femme d'Hector.